Un cubain président du Conseil municipal de Paris

Né en 1936 à Cuba, Severiano de Heredia était fils d'esclaves affranchis. C'est pour fuir la pauvreté de son pays qu'il fut envoyé à Paris à l'âge de dix ans. Doué en littérature, le jeune mulâtre (métis né d'un parent noir et d'un parent blanc) intégra le lycée Louis-le-Grand et fit ensuite de brillantes études. Très reconnaissant envers la France de l'avoir accueilli, Severiano obtint sa naturalisation en 1870 et décida de servir son pays d'adoption en s'engageant en politique.

C'est ainsi que neuf ans plus tard, il fut élu président du Conseil municipal de Paris, poste équivalent à celui du maire actuel. Cousin direct du poète José Maria de Heredia, ce réputé franc-maçon incarnait à l'époque la modernité et l'évolution de la pensée contemporaine. Il fut également un fervent défenseur de la presse libre et soutint l'effort de la révolution industrielle.

D'aucuns estiment que le courant colonialiste conduisit Heredia à sa perte, car tandis que les politiques de l'époque tentaient de justifier les conquêtes africaines pour civiliser les populations noires, il paraissait très contradictoire d'avoir un mulâtre au sein du gouvernement français...

Le coup fatal pour le maire métis fut l'exposition coloniale de 1886 à Paris, où les populations indigènes étaient exposées comme des animaux. Après s'être retiré de la vie politique, il s'éteignit en février 1901 dans son appartement, à l'écart des huées envers les personnes de couleur...