Paris coquin & érotique

Au croisement du Pont Neuf et de l'extrémité ouest de l'Île de la Cité, des petits escaliers étriqués mènent vers un superbe endroit caché : le square du Vert Galant. À cet endroit se trouvait autrefois trois petites îles, qui furent jointes en 1607 pour créer l'île de la Cité et construire le premier pont en pierre de Paris.

Mais si ce lieu se nomme ainsi, c'est en hommage au surnom dont était affublé Henri IV. En ces temps-là, "le Vert Galant" évoquait une personne vigoureuse mais l'expression évolua ensuite pour désigner plus particulièrement un homme empressé auprès des femmes. Ce sobriquet fut ainsi naturellement choisi pour qualifier le monarque car il eut, jusqu'à un âge avancé, d'innombrables maîtresses qu'il aimait dévêtir sur les bords de la Seine. On retrouve d'ailleurs une statue le représentant sur son destrier, au centre de l'esplanade qui surplombe le jardin.

Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, le square était un lieu dévolu aux bains, un concept très en vogue à l'époque où la Seine permettait encore de se baigner et de laver le linge. On y ouvrit peu après un café-concert qui rencontra un franc succès, mais qui fut malheureusement détruit par une crue violente de la Seine. Cédé à la Ville par l'État pour un franc symbolique, en 1884, l'endroit demeure toutefois l'un des plus romantiques de Paris. Au bout de l'espace vert, un magnifique saule pleureur trempe ses branches dans les eaux ondulées par le va-et-vient des bateaux mouche. Dès les beaux jours, il abrite les ébats des couples d'amoureux venus chercher de la discrétion et un panorama magnifique lors des couchers de soleil sur le pont des Arts.

Voici un cliché très parlant de la fête foraine qui se tenait chaque fin d’année jusqu’en 1960, entre Blanche et Pigalle. Tout comme la Foire à la ferraille et aux jambons ou la Fête foraine de l’esplanade des Invalides, cette fête populaire a disparu aujourd'hui pour laisser place aux pinces à peluches et aux auto-tamponeuses... 

À la différence de la Foire du Trône, cette animation foraine n’accueillait pas de manèges volumineux. On y trouvait plutôt des stands faits de bric et de broc : jeux de quilles, chamboules-tout, loteries, baraques de lutteurs et diseuses de bonne aventure. Mais l'attraction qui avait le plus de succès auprès de ces messieurs était sans aucun doute la baraque à strip-tease où des demoiselles s’exhibaient toutes les vingt minutes.

Sur une frêle estrade de bois les femmes enivrantes montraient leurs plus beaux atouts pour attirer les clients en rut à l’intérieur de la cabane, tandis qu’un bonimenteur aboyait « Au cul Messieurs, au cul Mesdames, aucune hésitation ! ».

L'hôtel de Clisson est construit en 1371 à la demande d'Olivier de Clisson, connétable de France. 50 ans plus tard, le bâtiment est confisqué par les occupants anglais et son état de délabrement devient inquiétant. Il faut attendre 1553 avant qu'un nouveau propriétaire, le Duc de Guise, engage d'importants travaux de reconstruction et donne son nom la somptueuse demeure. L'hôtel de Guise devient alors un haut lieu de rencontres pour la noblesse parisienne. Au XVIIᵉ siècle, Marie de Guise y organise des fêtes fréquentées par le gratin de la cour et des personnages réputés tels que Corneille.

Après le décès de la maîtresse de lieux en 1688, ses héritières décident de céder le bâtiment à François de Rohan-Soubise et son épouse, Anne de Rohan-Chabot, autrement nommée "Princesse de Soubise". Heureux de cette belle affaire, les nouveaux acquéreurs investissent de gros moyens pour refondre le bâtiment. Ils s'empressent de le renommer avec leur patronyme et décident de l'agrandir en faisant construire un autre bel édifice contigu : l'hôtel de Rohan. Avec son élégante façade, son impressionnante colonnade et ses splendides appartements décorés de peintures et tapisseries, l'Hôtel de Soubise connaît alors une nouvelle période de splendeur et de fiestas royales. La photo ci-contre montre les appartements privés de la Princesse de Soubise, là même où cette rousse d'une grande beauté sut discrètement satisfaire l'un de ses plus divins amants : le roi Louis XIV ! Bien qu'étant en concurrence avec la fameuse Madame de Montespan, la douce Anne est particulièrement appréciée par le suprême souverain. Elle donne d'ailleurs naissance à un fils, Armand-Gaston-Maximilien de Rohan, dont la ressemblance avec le Roi Soleil laisse peu de doute sur la paternité...

Endommagé à la révolution, l'hôtel de Soubise est racheté et rénové par Napoléon Ier afin d'y préserver les Archives de l'Empire. Une affectation peu changée de nos jours puisque le bâtiment abrite le superbe Musée des Archives Nationales. Sa visite vous fera découvrir d'extraordinaires chambres d'apparat, petits cabinets et grands salons aux merveilleux plafonds peints. Un trésor du patrimoine à ne pas louper !